Il baisse les rideaux de son atelier avec « un pincement au cœur ». Ce mardi 28 février 2023, le ‘tailleur’ tire un trait sur une vie de couture, rue St Paul au Port. Sylvestre Pothin, 67 ans, père de trois fils s’en va « profiter d’une pré-retraite, de mes petits-enfants. Je vais prendre le temps de vivre ». Il confectionnera toutefois encore quelques smoking, pantalons, chemises, aubes et soutanes avant de déposer définitivement fils et ciseaux.
Originaire du Tampon, Sylvestre Pothin quitte l’école à 17 ans. En 1973, guidé par celui son beau-frère René Bénard, couturier au Port, il découvre son premier et unique métier. D’abord des boutonnières à la main et des ourlets invisibles, puis tout le reste, appris sur le tas. Sa réputation dépasse très vite la ville et c’est ainsi qu’il confectionne une première queue de pie, pour un client venu de Saint-André. Un défi mais aussi une fierté. Fierté aussi d’avoir confectionné les ‘bleus de travail’ de plusieurs sociétés portoises, de la prison aussi et surtout les chemises de Paul Vergès. Il a côtoyé plusieurs maires dont Olivier Hoarau « il est très sympa ». Il a aussi vu évoluer la ville : de la station-service à l’ouverture du premier libre-service du Port, rue St Paul.
Tailleur, un métier qui n’attire plus les jeunes regrette M.Pothin. Le travail demande patience, rigueur, d’obtenir la confiance des clients, de garder son humour en toute circonstance et de s’adapter aux demandes. Sylvestre Pothin quitte la ville du Port après 50 ans en ayant une pensée pour ses deux autres collègues tailleurs de la ville.
